Une semaine intelligente [ 27/01/06 ]

Publié le par David CASTEL

CINEMA - 

LA CHRONIQUE D'ANNIE COPPERMANN


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« Munich ». Spielberg, entre documentaire et fiction, y conte la vengeance du Mossad après la tuerie des JO de Munich de 1972.
Bonne nouvelle : le cinéma, décidément, redevient intelligent. Même outre-Atlantique. Et sans craindre de susciter la polémique. C'est, bien sûr, cette semaine, à « Munich » que l'on pense d'abord : Steven Spielberg y conte, entre documentaire et fiction, la traque vengeresse des hommes du Mossad chargés d'éliminer les Palestiniens responsables de la tuerie des Jeux de Munich de 1972, où onze sportifs israéliens avaient trouvé la mort (à compléter avec « Un jour en septembre », remarquable documentaire britannique qui revient sur la tuerie munichoise elle-même). Et déchaîne déjà les passions, parce qu'il renvoie dos à dos les deux camps en dénonçant implicitement la loi israélienne du talion qui ne fait que relancer la violence. Il n'empêche : même s'il peut être contestable de traiter en thriller à sensation un sujet grave, Spielberg a le grand mérite de poser en adulte de bonnes questions...

Au moins aussi courageux, un petit film français sans vedettes, « Trahison », de Philippe Faucon, revient, lui, sur la guerre d'Algérie. Adapté du récit autobiographique du journaliste Claude Sales, il nous replonge, sous forme de fiction mais très proche du documentaire, dans la réalité d'un conflit où les soldats français qui, pour débusquer les « fellaghas », brûlaient les villages du bled, comptaient dans leurs rangs des appelés d'origine algérienne évidemment déchirés. Sobre, prenant, vrai, un film rare... On peut le rapprocher d'un minuscule mais attachant documentaire, « Le Silence des rizières », de Fleur Albert qui évoque, lui, une autre page contestable de notre passé, la guerre d'Indochine.

Des treize autres nouveautés de la semaine, on retiendra encore, également dérangeants, « Vers le Sud », de Laurent Cantet, troublante illustration de l'incompréhension Nord-Sud, avec Charlotte Rampling en quinquagénaire insatisfaite à laquelle un bel Haïtien donne un temps du plaisir avant de mourir sous les coups des tontons macoutes, et « Familles à vendre », du Russe Pavel Lounguine, farce grinçante où, par cupidité, des villageois ukrainiens prétendent être les derniers parents de riches juifs occidentaux en quête de racines. Et aussi « Rochester, le dernier des libertins », où Johnny Depp joue un authentique et très sulfureux comte libertin du XVIIe siècle anglais. Les coeurs tendres, enfin, fondront devant « Les Dames de Cornouailles », de Charles Dance, joli récit de l'émoi de deux respectables vieilles Anglaises (Judi Dench et Maggie Smith, superbe duo) devant un jeune et beau naufragé. Et les enfants aimeront « La Véritable Histoire du Petit Chaperon rouge », un film américain d'animation qui revisite avec humour le célèbre conte. A ne pas manquer par ailleurs : la réédition du magnifique « Macbeth » d'Orson Welles, et du très noir « Shock Corridor », de Samuel Fuller.


Toujours à l'affiche
Toujours au rayon du cinéma intelligent, on a décidément l'embarras du choix. Entre « The Constant Gardener », d'après Le Carré, sur les magouilles africaines de certains industriels de la pharmacie, « Lord of War », sur le trafic d'armes à l'échelle planétaire, et « Jarhead », sur la première guerre du Golfe. Sans oublier « La Mort de Dante Lazarescu », sur le combat, plus intime, d'un vieillard roumain avec la maladie et l'indifférence hospitalière. Ni « Good Bye and Good Luck », sur la lutte pour la liberté d'expression face aux manipulations des politiques. Ni, enfin, dans un registre plus léger, « Madame Henderson présente », évocation musicale de la résistance d'une authentique vieille lady qui brava le Blitz en présentant des revues nues. Riche programme, pour une fois !


Sur le petit écran
Vendredi : « Il était une fois en Amérique », de Sergio Leone, pour se faire plaisir, tout simplement (21 heures, TPS Cinéculte). Samedi : « Le Garçon aux cheveux verts », le premier film de Joseph Losey (8 h 15, Canal+). Dimanche : « Chorus Line », de Richard Attenborough, bel hommage à la comédie musicale, pour se faire plaisir, encore. (21 heures, CC Auteur).

Publié dans Critiques film France

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