Eclairages indirects

Publié le par David CASTEL

L'Express du 26/01/2006
Munich


par Eric Libiot



  © TM & Dreamworks
/Universal Studios

Mathieu Kassovitz et Eric Bana dans Munich.
   
Les faits. Le 5 septembre 1972, à Munich, en plein Jeux olympiques, un commando de l'organisation palestinienne Septembre noir attaque 11 membres de la délégation israélienne: prise d'otages, meurtres. Il n'y aura aucun survivant parmi les athlètes.

Les films. Le documentaire Un jour en septembre, de Kevin Macdonald, sorti aux Etats-Unis en 1999, mais seulement aujourd'hui en France, raconte cette journée en mêlant images d'archives et interviews contemporaines, dont celle de Jamal al-Gashey, le seul terroriste encore vivant en 1999. Munich, de Steven Spielberg, adapté du roman de George Jonas Vengeance, met en scène l'opération montée après ce massacre par le Mossad, les services secrets israéliens, pour éliminer, à travers le monde, 11 représentants de Septembre noir. L'un et l'autre ont le grand mérite d'exister et de témoigner. Le premier met en lumière l'incurie totale des forces de police allemandes, incapables de gérer la situation. Le second éclaire la politique israélienne et dénonce le crime d'Etat dont est responsable le gouvernement de Golda Meir.

Mais Un jour en septembre et Munich pointent aussi, à leur débit, les difficultés de la mise en scène de faits réels. Le film de Kevin Macdonald pèche par une surdramatisation des événements qui pousse le documentaire sur le terrain de la fiction en jouant un suspense qui finit par être déplacé eu égard à la fin tragique de l'opération. Le long-métrage de Spielberg, lui, accumule les séquences de traque pour éviter d'aborder frontalement les deux axes importants du scénario: les membres de l'officine secrète française qui renseignent le chef de groupe israélien (qui sont ces types si bien informés?) et les désillusions, mêlées à la peur, qui s'emparent de ce même chef lorsqu'il se rend compte qu'il a toujours été manipulé par son propre gouvernement.

Le sujet le plus important était sûrement là. Malheureusement, Spielberg l'évacue en une scène, donnant ainsi le sentiment de préférer s'installer dans la veine du film d'action classique, qu'il maîtrise parfaitement, plutôt que dans celle, sensible, d'une histoire de remise en cause politique. Si le grand enfant Spielberg se transforme, au fil de sa carrière, en cinéaste adulte, il lui reste encore à creuser ses parts d'ombre.

Publié dans Critiques film France

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